Aidants familiaux : des risques élevés

Aidants familiaux : des risques élevés

Entre 8 et 11 millions de Français soutiennent un proche en situation de perte d’autonomie pour des raisons liées à l’âge, à un handicap, à une maladie chronique ou invalidante. Une tendance qui s’accélère et qui met aux prises ces aidants à des situations très compliquées, en particulier pour les aidants exerçant une profession. Jusqu’à décembre 2015 et la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement, les aidants familiaux ne bénéficiaient d’aucun statut juridique à proprement parler. Plus récemment, en octobre 2019, une nouvelle stratégie de mobilisation et de soutien en faveur des aidants a été initié par le gouvernement. Cette évolution fixe les priorités et les mesures destinées à soutenir les proches aidants, notamment en leur ouvrant de nouveaux droits sociaux, en diversifiant les solutions de répit ou en leur permettant de concilier plus facilement vie personnelle et vie professionnelle.

Une mission à laquelle on n’est ni préparé ni formé

Aide aux actes essentiels du quotidien, entretien du logement, courses et repas, suivi des soins, gestion administrative, activités diverses… les missions de l’aidant pour s’occuper d’un proche ne manquent pas. Ce qui manque généralement, ce sont le temps, l’énergie, la reconnaissance sociale ou familiale et des repères pour bien faire. Bien souvent, c’est par amour ou affection que l’on devient aidant, parfois de manière précipitée, parce qu’on ne peut faire autrement. Or les risques pour l’aidant sont bel et bien réels.

Quand soutenir devient subir

Les difficultés auxquelles doivent faire face les aidants sont multiples et prégnantes au quotidien. Comment concilier cet accompagnement régulier avec sa vie personnelle et sa vie professionnelle ? Comment donner à l’autre le soutien dont on a aussi parfois besoin ? Facteur de déséquilibres, aider peut vite devenir un parcours du combattant, source de surmenage, d’anxiété, d’isolement et de fatigue extrême pouvant déboucher sur la maladie. Ce rôle et cette cohabitation inédits peuvent par ailleurs venir dégrader les liens affectifs entre aidant et aidé face aux situations quotidiennes à gérer. La culpabilité de ne pas pouvoir faire plus ou mieux pour son proche est également un sentiment récurrent chez les aidants. Souvent vécu comme un devoir, le soutien à un proche en perte d’autonomie peut conduire l’aidant à reléguer au second plan ses propres besoins, à négliger sa santé, ses envies ou ses autres proches...

Comment éviter l’engrenage ?

Certaines solutions peuvent pourtant permettre de concrétiser ce « droit au répit » introduit par la loi de 2015 et de soulager au quotidien les personnes aidantes. La nouvelle stratégie de mobilisation a ainsi donné naissance à une plateforme téléphonique nationale gratuite afin de répondre aux questions que se posent les aidants familiaux : le 0820 10 39 39. Parmi les nombreuses mesures mises en place, à compter d’octobre 2020, le congé de proche aidant sera désormais indemnisé pour les salariés, les travailleurs indépendants, les fonctionnaires et les chômeurs indemnisés. La période correspondante ne comptera plus dans le calcul des droits au chômage pour éviter une baisse des allocations et sera automatiquement intégrée au titre des droits à la retraite.

S’appuyer sur les professionnels de santé, de l’aide à domicile ou des structures d’accueil temporaire pour apporter soutien moral et soutien quotidien peut également constituer un complément salutaire et permettre à l’aidant de souffler. Les associations et les conseils départementaux proposent des solutions pour faciliter les missions des aidants et mieux accompagner la perte d’autonomie. Enfin, il reste essentiel de ne pas s’oublier, d’essayer de se ménager du temps pour soi, pour pouvoir faire face à la situation d’aidant notamment sur de longues périodes.