Pourquoi et comment se préparer au deuil ?

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Même si le processus deuil ne peut commencer, à proprement parler, qu’à partir du moment où le proche vous quitte, il est possible et même souhaitable de se préparer à la mort d’un être cher.

Le pré-deuil : absorber la réalité de la perte

Il n’est pas vraiment possible de se préparer totalement au deuil, mais ce dernier peut être facilité quand on accompagne l’être cher en fin de vie. Il s’agit alors d’une période que l’on nomme « pré-deuil », qui concerne les événements, émotions et prises en charge du futur endeuillé avant le décès du proche. Il permet d’entamer le travail de deuil « en présence du mourant, en partageant ses sentiments, en communiquant avec lui (verbalement ou non), en participant aux soins qui lui sont prodigués » (voir Soins palliatifs & psychomotricité d’Odile Gaucher-Hamoudi et Marc Guiose, éditions Heures de France).

Le pré-deuil est un moment très important pour les proches et la famille car, bien que la menace de la perte soit source d’anxiété et de souffrance, il permet de se préparer au décès de la personne aimée et d’absorber de façon progressive la réalité et l’imminence de sa disparation. Ce moment est aussi propice à l’expression des sentiments et émotions et au règlement d’éventuels conflits, si besoin est à des mercis et à des pardons, mais aussi à l’organisation de la vie future, avec la personne qui va mourir puis, bientôt, sans elle.

Les chercheurs qui ont étudié le pré-deuil ont souligné l’importance du pré-deuil en relevant cinq aspects caractéristiques de cette période :

– la prise de conscience que la mort de l’être aimé est inévitable ;

– la possibilité d’exprimer ses émotions liées à l’impact de cette mort ;

– la possibilité de se réconcilier ou de révéler des non-dits ;

– la possibilité de se détacher de manière graduelle de la personne qui va mourir ;

– la possibilité de développer une représentation mentale du mourant, qui perdurera après son décès.

Parler de la mort n’est pas anxiogène

Le pré-deuil est un temps d’accompagnement de la personne mourante. Il s’agit d’être présent physiquement auprès d’elle et/ou de lui téléphoner, de lui manifester son amour et son affection, mais aussi de lui exprimer tout ce que l’on a à lui dire avant son départ et de communiquer ouvertement avec elle : revenir par exemple sur la vie commune, sur ce qu’on n’a jamais osé dire, lui demander quelles sont ses dernières volontés… Il faut savoir qu’il a été montré que parler de la mort n’est pas anxiogène, et que cela est moins difficile psychologiquement que de se taire. Il est important que les enfants confrontées à la mort d’une personne proche puissent aussi entrer dans cette phase de préparation du deuil.

Un pré-deuil bien vécu permet de faciliter le travail de deuil à venir car il offre la possibilité de répondre aux questions qui auraient pu engendrer de la colère, de la honte, de la culpabilité, autant de sentiments lourds à porter et difficiles à évacuer après le décès. Parler de ses angoisses, de sa tristesse, de ses craintes et de ses regrets à une personne proche permet de mettre des mots sur la future absence et aide grandement à faire son deuil. Il est donc important de ne pas rester seul et de partager sa souffrance. Les proches (famille et amis) sont des soutiens précieux. L’accompagnement de l’équipe soignante peut également être une aide très importante pour les familles.

À quel moment faut-il envisager de se faire aider ?

Certaines personnes présentent davantage de risque de vivre un deuil dit « pathologique », selon plusieurs facteurs, parmi lesquels la nature de la relation avec le défunt (d’autant plus à risque que la relation était forte), des antécédents de troubles de l’humeur et de troubles anxieux, certains types de personnalités (comme les personnalités dépendantes), certaines circonstances de la mort (notamment soudaine, inattendue et violente). Il est conseillé à ces personnes de se faire accompagner par un psychologue ou un psychothérapeute spécialisé dès la période de pré-deuil.