La jeune fratrie face au deuil périnatal

Deuil périnatal

La famille entière est profondément touchée lors du décès d’un bébé, frères et sœurs y compris. Des solutions pratiques existent pour aider les plus jeunes à la surmonter et savoir quels conseils leur prodiguer.

Près de 7 000 familles sont chaque année concernées par la perte d’un bébé in utero ou survenue dans les sept jours qui suivent la naissance. Le deuil périnatal est un drame susceptible de bouleverser l’équilibre familial. Sa reconnaissance date du début des années 2000. Les parents sont aujourd’hui mieux accompagnés dans cette épreuve par les professionnels du soin, davantage sensibilisés à la question. Néanmoins, la fratrie reste souvent la grande oubliée, selon l’association Spama (Soins palliatifs et accompagnement en maternité). Le rôle des parents reste déterminant pour permettre à leurs autres enfants de mieux surmonter cette épreuve. 

Ne rien cacher aux enfants

Les pédopsychiatres sont unanimes : il est important de reconnaître les faits et d’en parler aux frères et sœurs. Minimiser ou cacher cet événement aux jeunes enfants pour réduire leur chagrin et les épargner risquerait de compliquer le nécessaire travail de deuil. Pour en faire l’annonce, le lieu et le moment doivent être bien choisis. Il s’agit d’être disponible, à l’écoute et dans un environnement sécurisant pour l’enfant.

Le psychiatre Jacques Salomé propose aux parents de ne pas imposer d’affirmations aux enfants (croyances, etc.), qui ont leur propre imaginaire, et de leur dire qu’ils n’ont pas toutes les réponses. On peut également proposer aux enfants, selon leur âge, de voir le bébé. S’ils acceptent, il est impératif de se préparer lors cette visite à être réceptif à toutes les questions et réactions qui pourraient se présenter.

Les écueils à éviter sont de vouloir faire peser tout son chagrin de parents sur les enfants ou de ne jamais parler du bébé mort, qui resterait une ombre qui pèse ou une sorte de petit fantôme. Il est également conseillé de ne pas vouloir surprotéger les enfants à tout prix, pour ne pas risquer d’étouffer leurs émotions. Attention aussi à ne pas idéaliser l’enfant défunt devant la fratrie.

Les mots et les outils pour le dire

Les tout-petits peuvent inconsciemment se sentir responsables de la mort de leur frère ou sœur, d’où la nécessité qu’ont les parents de parler avec eux pour leur permettre de s’exprimer librement. Il n’est pas non plus conseillé de censurer ou refouler les souvenirs de vie avec le bébé (ou avant sa naissance) ; les évoquer permettra au contraire de faire le deuil plus facilement. On peut utiliser des métaphores ou veiller à choisir avec soin les mots pour le dire, car les enfants ont tendance à prendre tout au premier degré. 

Il n’existe pas véritablement d’outils spécifiques à destination des plus jeunes pour évoquer ce drame. Néanmoins, l’association Spama a créé des supports  (disponible ici) pour aider chaque enfant, dès l’âge de 3 ans, à exprimer ce qu’il ressent : colère, jalousie, honte, culpabilité, tristesse. Seuls ou accompagnés de leurs parents, les petits peuvent ainsi cheminer vers le deuil périnatal librement.

Quel accompagnement pour la famille ?

Les parents peuvent bénéficier d’un accompagnement psychologique à la maternité ou à l’hôpital s’ils le désirent. Plusieurs associations peuvent également leur venir en aide. C’est le cas de Naître et vivre, qui met des parents et des médecins bénévoles au service des familles et de leurs proches. Spama propose quant à elle un soutien grâce à un site Internet contenant des conseils utiles et un forum des parents. L’association a aussi mis en place une ligne d’écoute téléphonique et organise des cafés-rencontres dans plusieurs villes françaises.